Le week-end dernier à Kigali, effarouchés par la résurrection de l’Udps à Djili Ste Thérèse, Moïse Katumbi et ses « Katumbi boys » en sont venus à des menaces voilées à la paix s’ils n’arrivent pas à leurs fins. Une façon, en réalité, de se faire remarquer pour ne pas disparaître dans les flots de l’actualité électorale. Mais les Congolais apprécieront bien ce subit encanaillement de l’ancien Gouv avec Paul Kagame, le maître de l’insécurité à l’Est et artisan du tripatouillage constitutionnel qui lui a fait prolongé sa vie au pouvoir.
« Nous comptons user de gros moyens pour arriver à nos fins ». « Si nous n’arrivons pas à nos fins, qu’on ne nous reproche point ce qu’il adviendra ». Ces deux phrases ont été largement prononcées ces derniers temps par les lieutenants de Moïse Katumbi : Delly Sesanga, Olivier Kamitatu, Pierre Lumbi, Gabriel Kyungu. Le concerné y est personnellement revenu lors de son entretien, le week-end dernier à Kigali, avec un groupe de Congolais. S’exprimant en français comme en swahili et en anglais, l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga a fait montre d’une certaine désinvolture qui n’a, manifestement, de mesure l’ambiance électrique que lui en voyait la salle d’une capacité d’une centaine de personnes venues pourtant de plus de 5 pays de la région des grands lacs.
Virevoltant comme jamais, Moïse Katumbi a tout ramassé sur son passage : sa nationalité, sa participation aux élections, l’actualité sécuritaire, etc., dans une envolée oratoire qui s’est terminé par un retentissant : « je n’ai peur de personne, je rendre quand je veux et c’est pour bientôt ». Cela fait bien plus de deux années depuis que Katumbi a quitté le pays pour des soins médicaux avec promesse ferme de regagner le pays. Mais depuis, l’homme écume des capitales européennes et africaines jusqu’aux portes de la RDC sans jamais oser la franchir. Ceci juste une parenthèse.
Il ne reste pas moins que Katumbi et ses sociétaires réussissent à s’offrir une petite polémique sur les réseaux sociaux : « gros moyens » ? Quel gros moyen y a-t-il d’autre dans une élection sinon le vote ? « Arriver à nos fins » ? De quelles « fins » s’agit-il, si ce n’est pas leur participation aux élections ? Et qui les en aurait empêché à ce jour, quand, comment et pourquoi ?
Bref, de quoi retournerait donc ce discours subitement belliqueux tandis que les esprits sont plus que jamais concentrés sur le processus électoral ? L’on constate simplement qu’à la stricte limite, Katumbi et ses affidés d’« Ensemble » donnent de la voix au moment où un signal fort vient d’être donné sur cette voie vers les élections avec le dernier meeting de l’Udps qui, à la suite des récentes sorties du Pprd, semble avoir donné le go d’une vraie période pré-électoral. Le week end dernier a aussi connu des activités trépidantes dans ce sens, et il est certain que cela n’a pas laissé les Katumbi boys indifférents.
A la modeste sortie de Kigali s’est ajoutée, aujourd’hui à Kinshasa, une « journée portes ouvertes » à la permanence de ce regroupement politique qui, aux dires de son Secrétaire général, n’en est encore qu’à sa structuration à la base. Tout au plus peut-on comprendre que Moïse Katumbi a voulu marquer sa présence en ce moment de bouillonnement tout en ayant compris qu’il va lui falloir batailler ferme pour se faire une place au sommet de l’opposition, au regard de la dernière sortie de l’Udps qu’il avait voulu noyauté à travers le Rassop/Limete.
Dans ce cas, Katumbi se sera alors livré à une agitation du désespoir, aux vociférations d’un faux dur tenaillé par une telle frousse qu’il n’a pas osé franchir la barrière de Goma pour revenir dans son pays. Autant s’est-il montré plutôt haineux dans son propos pour s’attirer quelque sympathie au sujet de sa nationalité sans vraiment toucher la question là où ça fait « aïe ! » : a-t-il acquis, oui ou non, la nationalité congolaise ? « Je suis Congolais d’origine », ne cesse-t-il de clamer, lui ses affidés ainsi que son intrépide (!?) avocat français qui le laisse accumuler des dossiers en justice sans en résoudre un seul.
En attendant, les Congolais apprécieront cette subite amitié dont se vante aujourd’hui Katumbi avec Paul Kagame, celui-là même dont l’évocation du nom peut provoquer des émeutes à l’Est de la RDC. celui-là même qui finança la rébellion meurtrière du RCD et qui héberge aujourd’hui les miliciens du M23 et du CNDP qui poursuivent leurs incursions meurtrières en territoire congolais.
PDM